Nager loin dans un aquarium (suite)
Pour nager loin dans un aquarium, mieux vaut être petit, au moins par l'esprit. Ainsi me semblent, à égalité, Pierre Stamboul, de l'association des juifs pour la paix, et Monsieur le Grand rabbin de Nice. Le second représente le communautarisme juif diasporique, le premier se fait, pour que cesse le conflit israélo-palestinien, le champion d'un amour fusionnel entre les Communautés juive et palestinienne, bien entendu sans S, puisqu'il ramène l'une et l'autre à sa plus simple expression figée dans son communautarisme.
Concernant Pierre Stamboul et le débat auquel nous avons participé au nom de "La Paix Maintenant" et dont je vous avais promis l'analyse, je laisse ce soin, ici-même, à Jean-Michel Sananes, Vice président de SOS racisme 06 dont vous pouvez lire les magnifiques poèmes sur son blog: http://chevalfou.over-blog.
Mais préalablement, quelques mots sur l'article de Direct Nice du 14 décembre : Célébration, la troisième bougie allumée.
La célébration dont il est question est celle de Hanoukka, que bien des gens présentent à tort comme le Noël juif. L'article décrit comment huit mèches furent allumées les unes à la suite des autres par les prêtres du temple de Jérusalem, dans un chandelier - la ménorah) ne contenant de l'huile que pour une seule. Voilà, c'est tout. La religion, quand elle s'en empare, fait peu de cas de l'Histoire. Il est scandaleux de faire passer pour une simple fête religieuse, la seule fête juive qui ne soit pas biblique. Hanoukka est en effet la commémoration de la victoire des Macchabées (167 avant Jésus Christ) sur les despotes syriens. 3 ans de guérilla contre les armées d'Antiochos IV qui avait entrepris de convertir les Juifs au polythéisme grec. Vainqueur contre toute attente, Judas Macchabée qui dirigeait des résistants juifs, tout sauf des soldats, trouva, de retour à Jérusalem, le Temple de Salomon brûlé. Il entreprit de le reconstruire et l'épisode des bougies s'inscrit dans cette reconstruction. Mais, sans doute, parler de résistance sur cette terre, maintenant, cela sent-il le souffre!
Parce que des gens se ressemblent, parlent la même langue, ont des aspirations ou des revendications communes, ils se regroupent en autant de Communautés que l'on peut nommer : partis, syndicats, associations, clubs, etc., pour être plus forts. Mais plus forts ne veut pas dire ennemis des autres communautés, pas même adversaires. Parfois compétiteur, c'est tout. Un Niçois perdu dans Paris recherchera les autres Niçois et au moins, les méridionaux, mais pas dans une opposition aux Parisiens ou aux Bretons... et surtout pas aux Niçoises, aux Parisiennes ou aux Bretonnes, la communauté féminine. S'il joue au foot, il sera aussi dans la communauté des sportifs, mais pas opposé aux intellos qui fréquentent la bibliothèque du quartier ou les concerts, ce qui peut parfaitement lui arriver, à lui aussi. De plus, il peut être Catho ou Juif ou Musulman ou Athée, ce sont d'autres communautés. Ses parents peuvent être d'ici ou de là-bas et il se sentira attiré par leurs Communautés. Chacun d'entre nous est membre de plusieurs Communautés et passe sans peine de l'une à l'autre selon le moment. La transcendance inter communautaire est un outil de connaissance et l'outil de la paix entre les hommes.
Le communautarisme, c'est le contraire. C'est une déviance de l'esprit de communauté pris comme voie de la socialisation. C'est l'enfer pavé de fausses bonnes intentions, la fausse protection de l'individu, souvent l'obéissance à un gourou auto proclamé qui mènera un combat - avec la peau des autres - pour le pouvoir contre d'autres prétendants, qu'ils soient enfermés dans SA communauté ou qu'ils dirigent la communauté d'à côté. Le Communautarisme, c'est la guerre.
L'une des Communautés auxquelles j'appartiens est la grande famille des laïcs, et je ne supporte pas que l'on y touche. Les laïcs ne sont pas des bouffeurs de curés, d'imams ou de rabbins, mais, simplement, ils appliquent le principe de séparation de la Société civile et de la Société religieuse, l'Etat n'exerçant aucun pouvoir religieux et les Églises aucun pouvoir politique ( Petit Robert). L'application de ce principe relève d'une ouverture d'esprit qui n'a pas, malheureusement, toujours trouvé une réponse équivalente en retour. Une autre de mes Communautés est la Communauté juive, non que je croie en Yahvé, mais parce que le hasard des naissances m'a doté d'une ascendance juive. Cependant, je réfute absolument le communautarisme juif que j'estime être une insulte à l'intelligence de mes ancêtres comme à la mienne.
Alors, quand le Communautarisme juif s'en prend à la laïcité, quand le Grand Rabbin régional, David Shoushana, a, selon "Direct Nice", sourit et murmuré: "C'est ça aussi le miracle d'Hanoukka: voir un juif et un laïc allumer ensemble la ménorah", je proteste. Pour Monsieur le Grand Rabbin de Nice, tous les Juifs sont à mettre dans la catégorie des croyants. C'est cela le communautarisme! Certains rabbins - peut-être David Shoushana lui-même, m'a-t-on dit, l'an passé au carré juif du cimetière ? - disent que la Shoah est une juste punition de Dieu car il fallait bien que les Juifs paient leur manque de foi en Dieu. Mon Dieu, parole de non-croyant, quelle horreur ! Jusqu'où conduit le communautarisme! Les bébés étaient ils coupables, pauvres anges! Selon Monsieur le grand rabbin, un Juif ne saurait être laïc. Et de s'étonner - mais aussi de craindre - que les Communautés s'entrouvrent le temps de l'allumage de la troisième bougie. Oui, je préfère Jaurès à ce David-là!
J'aurai plaisir à vous adresser, en guise de prochains messages, les comptes rendus de notre voyage d'études entre Israël et Cisjordanie, des 27 oct. au 4 nov. 2009.
Voici, maintenant, ce qu'écrit mon ami Jean-Michel Sananes à propos de la réunion débat organisée par France-Palestine Solidarité, avec Pierre Stamboul.
Croyant aller à une réunion pour
la paix entre Palestiniens et Israéliens, je me suis rendu à la réunion collectif "pour
la paix"
de l’UJFP prendre une leçon… de haine anti-israélienne : un grand moment
révisionniste.
J’y ai, en première partie,
appris que les Hébreux n’avaient jamais vraiment existé, qu’à la rigueur, il y
avait eu un petit groupe d’hommes qui n’avait pas eu d’existence réelle, que,
d’ailleurs, les archéologues n’en trouvaient pas traces. Apparemment Pierre
Stambul n’avait jamais entendu parler de l’existence d’un royaume d’Israël, de
Jérusalem ou de Jéricho… pas plus qu’il n’avait souvenir des guerres et
occupations grecque et romaine. Il ne savait pas que Judée Samarie voulait dire
: pays
de la tribu de Juda et pays des Shamerim
(observant la Loi). À ses dires,
l'histoire d'Abraham n’était qu’une mythologie sans importance. J’ai été surpris car le
public, en partie musulman religieux, et, il me semble, assez pro-Hamas, n’a
pas défendu l’ancêtre commun fondateur des monothéismes orientaux et
occidentaux.
Autre affirmation, les Juifs
étaient des Européens. Ils ne venaient donc pas du Moyen Orient !
Les propos entendus, à
l’évidence, n’avaient d’autre finalité que de démontrer que les Juifs
n’avaient aucun droit sur Israël et que, à l’évidence, seul le Hamas était
légitime et la seule vraie autorité palestinienne.
Après avoir tenté de délégitimer
les Juifs de leur droit à la terre, la seconde partie de son exposé consista à
décrédibiliser les racines fondatrices de l’Etat d’Israël.
Theodor Herzl, celui qui avait
sauvé des Juifs russes en négociant leur départ vers Israël (pays rebaptisé par
les Romains : "Palestine" après la destruction du temple)
était, à ses yeux, un immonde collabo du racisme tsariste et, pour preuve, il
avait négocié le départ des Juifs avec l’organisateur des pogroms de 1903.
Ben Gourion devenait un collabo
du nazisme puisqu’il avait négocié ou acheté le départ de Juifs de pays occupés
par l’Allemagne.
Bref, tous ceux qui avaient eu
recours à la négociation pour sauver des Juifs des camps d’extermination,
devenaient des collabos du nazisme. Nous n’étions pas loin de voir Schindler accusé
de collaboration !...
Comme il se doit, cette très
particulière leçon d’"histoire" ne porta pas sur l’engagement de
l’intégrisme musulman auprès d’Hitler et de ses conséquences. Bien sûr Pierre
Stambul ne parla pas de l’engagement nazi du Grand Mufti de Jérusalem, de son
séjour à Berlin auprès du Führer, de ses supplications pour que les pays de
l’axe et des Balkans déportent leurs Juifs en camps d’extermination en Pologne.
Bien sûr, on ne parla pas des
"Divisions Hanjar" de Musulmans de la Waffen SS, qui s'illustrèrent par
leur barbarie dans les Balkans ; pas plus que l’on ne parla du refus du
Grand Mufti (oncle de Yasser Arafat), de son combat à la tête des légions
arabes contre les décisions de la Société des Nations de créer deux états
distincts sur une terre désertique, enfin libérée des Turcs et des Anglais. On
oublia de dire que c’est cela qui marqua le divorce entre Juifs et Arabes
palestiniens qui, jusque là, avaient harmonieusement cohabité.
Le "rapport Goldstone"
sur la guerre de Gaza, fut évoqué, présentant Israël comme seul condamné,
oubliant de préciser que le Hamas, lui aussi, avait été condamné.
Bien sûr, il ne fut pas dit, non
plus, qu’Israël avait refusé de se prêter à cette enquête qui, même sous le nom
de "rapport Goldstone", était diligentée par les champions toutes
catégories du crime anti-démocratique, à savoir :
- l’Iran, impliquée dans ce
conflit,
- la Libye de Kadhafi qui, dans
le seul attentat de Lockerbie a fait 270 morts, qui a martyrisé les infirmières
bulgares en otages et qui martyrise les laïques et les démocrates de son pays.
- Le Soudan qui, avec ses milices
arabes Janjaweed, pratique un nettoyage ethnique contre les populations noires
(200 000 morts au Darfour et déplacement de plus de 2 millions de
personnes)
- etc.…
- des enfants soldats tués près des lance rockets
- de la récurrence des films de propagande nazie sur la
télévision du Hamas et des pays musulmans.
Mais, bien sûr, nous le savons, les extrémistes sont
sélectifs dans leur indignation et si complaisants à l’égard de certains grands
crimes de l’histoire, que l’on peut se poser des questions à propos de leur
objectivité.
Tout fut à l’avenant, si bien
qu’une excitée, appartenant à un groupe de soutien à Gaza, en vint à proposer
la création d’un groupe de porteur de valises, comme cela eut lieu lors de la
guerre d’Algérie !
En fin de soirée, un intervenant
musulman tenta de parler de Paix et affirma que cette soirée n’avait rien
apporté de constructif, que l’humanité avait d’autres valeurs à construire.
Cette impertinence lui valut d’être hué par une partie du public.
L’ensemble de la conférence intitulée : "Collectif
pour une paix juste", fut aussi trompeurs que le furent, en
leurs temps, les appellations de "Républiques Démocratiques » chères
à l’extrême gauche. On ne parla jamais de Paix, de projet ou d’action pour la
paix. La seule proposition audible, bien que ne venant pas de Pierre Stambul,
lui se contentant de justifier les boycotts, fut celle de créer un groupe de porteurs de valises !
L’ensemble de la conférence ne fut qu’une manifestation de
haine, un lieu d’incitation à la guerre, voire au crime individualisé.