DIEUDONNE, suite: la folie comme moteur du racisme ou l’homme responsable de ses actes ?
DIEUDONNE jugement de valeur, la folie comme moteur du racisme ou l’homme responsable de ses actes ?
Souviens-toi, mon amie, il y a quelques années, déjà, nous descendions ensemble le Col de Fenestre depuis l’Italie, Col que nous avions préalablement grimpé en hommage à ces 1200 juifs que les Italiens de la IV armée avaient assignés à résidence à Saint Martin Vésubie afin de les protéger de Vichy et des Allemands, et que ces derniers avaient pourchassés sur ledit Col et celui de Cerise dès l’armistice signé en septembre 1943 entre les alliés et, pour l’Italie, le Maréchal Badoglio qui succédait à Mussolini, arrêté.
Tu me disais d’Hitler et de sa bande d’assassins qu’ils étaient fous. Je t’avais répondu que non. Il ne faut pas, te disais-je, porter comme cela des jugements de valeur à l’emporte-pièce sur les individus, car cela risque de les dédouaner de leurs crimes ; il faut juger leurs actes, rien que leurs actes : le crime contre l’humanité et l’organisation du crime, la responsabilité d’une guerre mondiale qui a fait environ 75 millions de morts civils et militaires, la Shoah et la tentative génocidaire d’éradication du peuple juif, l'assassinat programmé des Tziganes et des gens du voyage, la suppression des malades mentaux au nom de « la race pure »… Juger leurs actes en tenant compte des circonstances dans lesquelles ils ont été commis, circonstances atténuantes ou circonstances aggravantes. Ensuite, mais ensuite seulement, on peut attribuer ces actes aux individus. Sont-ils (sont-elles) fous (folles) et dans ce cas, malades ? Si Hitler était un grand malade, peut-on lui reprocher ses crimes. Mais il n’était pas malade, c’était un homme comme tous les hommes, avec la capacité de faire le bien comme le mal, qui avait librement choisi de donner libre cours à la haine. Comme je te disais cela, un homme grand et mince tout de noir vêtu à l’exception de son col blanc nous suivait et il me dit : ce que vous dites m’intéresse, pouvons-nous en discuter un jour, venez me voir à mon bureau, je suis Monseigneur Sankalé le Nouvel évêque de Nice. Sache, mon amie, que je n’ai jamais osé, moi si petit, frapper à la porte de l’évêque. Celui-ci a été depuis remplacé, mais cela est une autre histoire.
Ce que je te disais ce jour-là, je le pense encore, mieux et plus fort que jamais. Tout comme je réfute le raccourci que font tant de gens, à commencer par les victimes du nazisme ou pire, leurs ayant-droit : les Allemands sont tous … Rendre coupable les enfants des crimes de leurs pères, est intolérable, mais qui plus est, si ce sont les enfants des victimes qui rendent responsables les enfants des bourreaux des crimes de leurs pères, c'est la chaîne de la haine qui se forme et il n'y aura jamais de paix. Cela s’appelle de la xénophobie, sœur du racisme, cette phobie souvent meurtrière dont on cherchera vainement plus tard, quand elle aura fait tant de mal, à définir la cause. Le racisme et la xénophobie sont injustifiables. Car ils ne s’en prennent jamais à un individu qui déplairait pour une raison ou une autre, ils s’en prennent à des ethnies, sans vraiment savoir pourquoi : les Noirs sont ceci… le péril jaune… les Arabes ne m’en parlez pas… la perfide Albion… et les Juifs donc, cette race perfide, comme le disait le curé de mon enfance, qui à crucifié notre Seigneur Jésus Christ (un juif… pas le curé, le Christ !)
Je préfère tirer des leçons de cet archange noir que fut Nelson Mandela auquel je rends hommage. Sans oublier qu’à l’époque tous les Allemands n’étaient pas nazis, les premiers camps de concentrations, comme Dachau, ont été ouverts pour enfermer les opposants allemands à Hitler. Je dirai même: pour les éliminer !
Souvenez-vous, Monsieur le rabbin de cette réunion que nous tînmes à Nice dans un préau d’école de la rue Verdier. J’étais présent car l’Association des amis du musée de la Résistance que je représentais alors avait prêté à l’association organisatrice ses panneaux sur l’occupation, la Résistance et la Shoah. Ce jour-là, Monsieur le rabbin, vous affirmâtes que la Shoah était une punition de plus affligée aux juifs par l’Eternel, mécontent qu’Il était du peu de foi que montrait le peuple d’Israël, Son peuple élu, à Son égard. Et ce grand Dieu, quand Il n’est pas content, cela est bien connu, détruit Son peuple, tout simplement (le déluge, Sodome, Gomorrhe). Assad en Syrie tente de l’imiter, mais cela aussi est une autre histoire. Merci lecteur de ne pas confondre le peuple d’Israël, notion biblique, et Israël le pays, réalité des hommes dont nous pourrons discuter plus tard mais qui ne fait pas partie de ce message-ci. Je vous avais répondu, Monsieur le rabbin, dans des termes sensiblement identiques à mon propos sur la folie des hommes : si Hitler n’était que le bras armé de Dieu, que pouvait l’homme lui reprocher ? Rien ! Mais non, l’homme Hitler avait longuement muri son projet et avait exécuté point par point avec détermination et minutie tout ce qu’il avait annoncé dans son « Mein Kampf » (lequel « Mein Kampf », Mon Combat, livre maudit, continue d’être réédité et diffusé comme parole sacrée, avec « le Protocole des Sages de Sion », ce faux en écriture et véritable pamphlet, dans certains pays. Je n’avais pas été le seul à protester, Monsieur le rabbin, contre vos dires. D’autres personnes de la Communauté juives avaient suivi mon raisonnement, et même certains de vos collègues rabbins du Consistoire ou non –je pense à mon ami Yeshaya Dalsace, rabbin Massorti - vous avaient fermement tancé, ce qui m’avait quelque peu rassuré.
Cela me rappelait le procès Eichmann, cet organisateur en chef de la « solution finale » qui, depuis sa cage de verre dans le tribunal israélien, tentait de se faire passer pour un simple fonctionnaire ayant obéi aux ordres du Führer. Comptable méthodique, organisateur de talent, certes, mais obéissant aux ordres. Et je me demandais jusqu’où il faut ne pas obéir. Les Evêques, Cardinaux et autres Clercs de l’Eglise qui ont participé au sauvetage d’enfants juifs durant la seconde guerre mondiale n’ont-ils pas montré le chemin de la désobéissance à l’Etat et celui de la fidélité à leur foi ? Les Résistants qui ont combattu l’occupant et qui pour cela étaient qualifiés de terroristes n’ont-ils pas indiqué la voie de l’humanité contre la barbarie nazie ? Les simples gens qui m’ont accueilli et ceux qui leur ressemblent, qui par leur attitude ont sauvé de la déportation les deux tiers des juifs de France – bien sûr qu’un tiers, 76000, soit déjà trop - quand ailleurs ils furent massacrés à plus de 90%, ces patriotes bienveillants et emplis d’amour, n’ont-ils pas rendu ses couleurs à la France ? Si Eichmann n’a fait qu’obéir à Hitler et Hitler à Dieu, n’en sont-ils pas moins coupables vis-à-vis des hommes, des femmes, des enfants de tous pays qui furent leurs victimes pour n’avoir pas su dire non ? N’eussent-ils point dû, en humain et fidèles de l’Eglise qu’ils étaient, se rappeler que si Dieu – s’Il existe – n’est pas intervenu dans cette tuerie des hommes – c’est l’explication que donnent les Rabbins et autres clercs de l’église – c’est justement parce qu’Il avait voulu que l’homme se prenne en charge et qu’à cet effet, Il lui avait délégué sa capacité de choisir entre le bien et le mal ! En l’occurrence, ils choisirent le Mal absolu et l’Histoire comme les hommes les ont jugés !
Aujourd’hui, Dieudonné. Avec ses provocations verbales antisémites insensées d’un autre âge qui s'adressent aux plus bas instints et font se « marrer » une partie malheureusement trop importante du peuple ; avec son geste assimilable à un salut nazi retenu effectué devant les mausolées et autres lieux de commémoration du martyre juif, et celui plus explicite de certains de ses émules devant le théâtre de la main d’or et ailleurs (la ville de Nantua devrait lui faire un procès pour détournement de son image culinaire et celle de ses brochets) ; avec son art de profiter à la fois du manque de pédagogie sur l’esclavage qu’il oppose à celle de la Shoah ; avec ses amalgames anciens et nauséabonds venus de la droite extrême qui le soutient, amalgames qu’il exploite auprès d’une partie de l’extrême extrême gauche pré conquise et de la jeunesse des quartiers pauvres (juif = riche était la justification du gang des « barbares » de son ami Fofana qui assassina Ilan Halimi) ; avec sa démagogie poussée jusqu’à l’incantation en guise de pédagogie, aidé par les gens du dictionnaire qui, sans intention mais aussi sans réflexion, ont admis que le mot ghetto devint un substantif commun ; avec des soutiens comme Soral qui lui apportent la culture antisémite traditionnelle et les liens familiaux qu’il tisse avec ses adversaires d’hier (J.M. Le Pen n’est-il pas le parrain de sa fille ?) ; avec la dissimulation de son racisme derrière la liberté d’expression ; avec sa connaissance (aidé en cela par un parterre d’avocats) des insuffisances ou des contradictions de notre démocratie qui lui permettent de ne pas payer ses impôts et ses amendes (68000 Euros, une paille, comment n’est-il pas encore en prison ?). Oui, comment ? En organisant son insolvabilité derrière des Sociétés écran dirigées par Mesdames mère et épouse et alors que des transferts d’argent partent pour lui, incontrôlés et impunément vers le Cameroun et peut-être vers les paradis fiscaux… et je ne compte pas les agressions verbales contre notre pays, la France, notamment pour protester contre les frappes en Lybie !
C’est un peu beaucoup, ne trouvez-vous pas, pour un homme innocent ? Alors Dieudonné est-il fou ou responsable de ses actes. Je penche quant à moi pour la seconde hypothèse et je le dis crument, il faudra qu’ils en répondent, lui et ses associés. Démocratiquement !
En attendant que la justice fasse son travail jusqu’au bout, ce dont je ne doute pas, faisons à ce triste individu et aux forces du mal dont il s’est solidarisé le moins de publicité possible.